Le « roi est nu ». Les imaginaires du sacré dans la tourmente judiciaire

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20 décembre 2016

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Marie Pierre Ballarin, « Le « roi est nu ». Les imaginaires du sacré dans la tourmente judiciaire », Cahiers d’études africaines, ID : 10.4000/etudesafricaines.15442


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Dans les royaumes du Menabe et du Boina de l’ouest malgache, la confection des reliques issues des corps des rois, le culte qui leur est rendu à travers la cérémonie du bain, le fait que leur détention soit la condition primordiale du pouvoir contribuent à singulariser la dynastie et le roi, porteur du hasina, force d’origine sacrée bénéfique, mais potentiellement dangereuse. La fabrication de reliques à partir des corps des souverains est commune en Afrique, mais est devenue la règle au moment de la formation des grandes monarchies au XVIIIe siècle qui y ont trouvé leur fondement idéologique. Dans la ville de Majunga (région du Boina), les reliquaires royaux sont connus sous le nom « andriamisara efa dahy ». Ils ont représenté un enjeu de taille pour tous les régimes qui se sont succédé à la tête de l’île dans la mesure où l’obtention du pouvoir dépend de leur possession et de la garde des clés du doany, lieu dans lequel ils sont conservés.De fait, le pouvoir opérant fondamental des reliques nous conduit vers d’autres chemins à explorer. Avec l’Indépendance, elles cristallisent les turbulences de la nouvelle donne politique malgache, au moins du point de vue local, au travers d’un conflit dont l’enjeu est leur possession. Le contrôle du doany et des restes royaux entre dans le domaine du juridique et prendra figure publique, théâtrale, lors d’un interminable procès qui débute en 1957, qui s’est poursuivi sous différentes formes et au travers de plusieurs procédures, jusqu’à nos jours sans que jamais une solution ne soit trouvée. Le débat réel se situe en deçà du discours formel juridique et de façon logique nous changeons de registre. Cet article se propose d’explorer, en trois temps, l’idée d’un déboîtement entre le droit et la réalité au travers des différentes procédures qui se sont suivies depuis la première plainte en justice en 1957. Car, si le roi paraît nu, le culte atteint dans sa crédibilité, il n’en est sans doute rien au vu des derniers rebondissements de l’affaire et du énième refus d’admettre la décision juridique lors de la célébration du grand rituel royal de 2004. Nous pourrons ainsi nous demander sous quelle forme à l’heure actuelle ont perduré ces logiques profondes liées aux imaginaires du sacré.

"The Naked King": Perceptions of the Sacred in a Legal Battle.  Trials Surrounding the Ragalia of the Sakalava Royalty, Boina, North-West Madagascar, 1957-2006.In the kingdoms of the Boina and Menabe in West Madagascar, the king was sacred and the universe revolved around him.  The power of the king was symbolized by the remains of his ancestors, which were kept as relics in a sacred place and were used to exercise power over the Sakalava people.  The preservation of these relics and the cult around them (the ritual of the bath and the practice of spirit possession) allowed the king to make the royalty sacred and to legitimate his power and his authority.  This honouring of royal ancestors has been fundamental until today. Boina shrines, in Majunga town, hold the remains of four royal ancestors.  They are called "Andriamisara efa dahy".  After the 18th century, the possession of the relics and the control over the place where they are kept has represented a major stake for all the political regimes that succeeded one another.  Since independence, the issue of the control of these relics has embodied the successive political changes of Malagasy society with a lawsuit which began in 1957 and is still not settled today. This paper will discuss how law has dealt with the sacred relics for 40 years.  Nowadays, does it mean that the ancestors’ cult, the cornerstone of Sakalava identity, has lost its sacred aura and its magic power?  Tensions still exist within royal families in Majunga (although they are less and less tolerated by the people), but we will see how the relics cult still seems to have a strong ideological impact.

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