Le génocide de 1972 au Burundi

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22 juin 2005

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René Lemarchand, « Le génocide de 1972 au Burundi », Cahiers d’études africaines, ID : 10.4000/etudesafricaines.156


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Vingt-deux ans avant l’hécatombe du Rwanda, qui fit environ 600 000 victimes, la plupart tutsi, un autre génocide ensanglantait la région des Grands Lacs : entre 200 000 et 300 000 Hutu furent massacrés par l’armée du Burundi à la suite d’une rébellion hutu qui fit des milliers de victimes chez les Tutsi. Au Rwanda comme au Burundi le meurtre de masse porte tous les signes distinctifs du génocide : le ciblage ethnique des victimes, l’intentionnalité exterminatrice, l’ampleur des tueries. À la différence du Rwanda, ou l’ethnie des génocidaires fut écartée du pouvoir, au Burundi c’est la minorité tutsi qui devait régner sans partage sur les destinées du pays, jusqu’en 1993. Ceci explique le silence officiel qui, jusqu’à aujourd’hui, entoure le génocide de 1972. Cette mise entre parenthèses des atrocités commises en 1972 a non seulement contribué à obscurcir leurs relations avec celles de 1994 au Rwanda voisin, mais a créé un non-dit officiel qui aggrave les tensions entre les communautés hutu et tutsi. Au Burundi comme au Rwanda le moment est venu de procéder à de véritables « retrouvailles de la mémoire », et, ce faisant, de reconnaître que la culpabilité n’est pas une voie à sens unique. Le plus grand danger qui menace la région des Grands Lacs est celui d’une mémoire ethnicisée, où chaque groupe se dispute le privilège de détenir la vérité, et où l’histoire départage les bons des mauvais suivant l’appartenance ethnique.

The 1972 Genocide in Burundi: Historical Silences. – Twenty-two years before the Rwandan hecatomb with approximately 600 000 casualties (mostly Tutsi), another genocide bloodied the African Great Lakes region when, following a Hutu rebellion that had felled thousands of Tutsi victims, Burundi’s army massacred from 200 000 to 300 000 Hutu. In Rwanda as in Burundi, mass murder bore all the characteristic marks of genocide: the ethnic targeting of victims, the intention to exterminate, the scope of the killings. Unlike in Rwanda, where those who committed the genocide belonged to the ethnic group that had been kept out of power, the Tutsi minority in Burundi ruled without sharing power till 1993. This accounts for the official silence that even yet surrounds the 1972 genocide. This silence has obscured the relations between the 1972 events in Burundi and those in neighboring Rwanda in 1994. This official silence has also caused tensions to mount between the Hutu and Tutsi. In Burundi as in Rwanda, the time has come to “restore memory” and thus recognize that guilt is not one-sided. The major danger menacing this region is an “ethnicized memory”, as each group claims to be the keeper of the truth, and as history separates the good from the bad on an ethnic basis.

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