Singeries au Congo

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20 décembre 2016

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Le paradigme de la singerie est tentaculaire. S’il est de notoriété scientifique et médiatique que les grands singes, chimpanzés et gorilles, habitent, à côté des Pygmées, les forêts primaires du bassin du Congo considéré comme leur niche écologique naturelle, il est plus troublant de voir à quel point le primate habite aussi l’imaginaire des explorateurs, voyageurs et romanciers qui le prennent parfois comme personnage emblématique de leur remontée à la source du fleuve. Que leurs récits se penchent sur le berceau de l’humanité, se lancent à la poursuite du chaînon manquant, réfléchissent aux fondements de la violence et de la guerre, ou inventent un langage pour la première victime subalterne de l’homme, la passion de l’origine, aussi indistincte que fascinante, aboutit à confondre l’éthologie et l’ethnologie, à propager une vulgate évolutionniste, à réactiver les schémas de l’anthropologie physique ainsi que les clichés interculturels sur la race et la langue. Du « patois » au français en passant par le petit-nègre, de la pratique du « symbole » en vigueur à l’école coloniale à la théorie de la « symbiose » francophone, de la bestialité grégaire à la bêtise stéréotypée, le singe apparaît comme le signe crypté d’un éco-système mimétique, ne cessant de monter et descendre sur cet arbre qui cache les racines primitivistes et raciologiques du concept Congo.

The monkey paradigm is a tentacular one. Both science and the media widely report that the major primates such as chimpanzees and gorillas live side-by-side with the Pygmies in the primeval forests of the Congo, considered to be their natural ecological niche. However, the extent to which monkeys also inhabit the imagination of explorers, travellers and writers, and are used by them as symbolic figures in their quest for origins, is far more disturbing. Whether investigating the cradle of civilisation, searching for the missing link, reflecting on the causes of violence and war, or inventing a language for man’s first subordinate, the passion for origins—as hazy as it is fascinating—tends to confuse ethnology with ethology, to propagate an evolutionist vulgate, and reactivate principles of physical anthropology as well as inter-cultural clichés about race and language. From provincial dialects to French via petit-nègre pidgin, from the “symbols” of the colonial school to the theory of francophone “symbiosis”, and gregarious bestiality to stereotyped stupidity, the monkey is the encrypted sign of a mimesis ecosystem in which it continues to climb up and down the tree that conceals the primitivist and racial roots of the whole “Congo concept”.

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