Mémoire refoulée, manipulée, instrumentalisée

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20 décembre 2016

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Chetima Melchisedek, « Mémoire refoulée, manipulée, instrumentalisée », Cahiers d’études africaines, ID : 10.4000/etudesafricaines.18119


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Cet article s’intéresse au travail de mémoire, notamment en ce qui a trait à la capacité des peuples des Monts Mandara de trier et de mettre sous silence certains aspects de leur passé servile, qui pourtant resurgissent lorsque change le contexte de leur mise en silence. Je m’intéresse particulièrement aux stratégies de refoulement de la mémoire servile à travers les mythes d’origine et aux modalités de son apprivoisement par le biais des chants historiques. Je montre aussi comment, dans les années 1960, les montagnards parviennent à prendre une certaine distance par rapport au discours mémoriel « officiel » qui s’évertuait à les définir comme des refoulés et des victimes de l’esclavage, et comment ils lui ont substitué une autre mémoire centrée cette fois autour du mythe de la résistance. Les années 1990 constitueront un autre point tournant dans le discours mémoriel dans la mesure où, dans un contexte de démocratisation, les populations à travers leurs élites, font émerger le passé servile dans le jeu politique national en prenant publiquement une posture victimaire. Ces trois moments mémoriels (refoulement, requalification et instrumentalisation) constituent le socle de cet article et permettent de démontrer à quel point l’écoulement du temps de la mémoire, à l’opposé du temps de l’histoire, est par nature anachronique. La raison en est que le travail de mémoire est un travail continu de ré-interprétation des éléments du passé, s’effectuant toujours en lien avec le contexte temporel, lequel détermine lui-même la transmission ou le refoulement de tel ou tel aspect.

This article is focussed on the work of memory, especially with respect to the ability of peoples of the Mandara Mountains to sort and to silence certain aspects of their servile past, yet resurface when changes the context of their muting.  I am particularly interested in discharge strategies of slave memory through the myths of origin and in the mechanism of its domestication through historical songs.  I also show how, in the 1960s, the montagnards managed to take some distance from the “official” memorial speech that strove to define them as repressed and victims of slavery, and how they have substituted him another memory, this time, centered around the myth of resistance.  The 1990s is another turning point in the memorial speech since the montagnards, through their elites, claim their servile past in national politics in a democratic context, by publicly taking a stance of victimhood.  These three memorial times (repression, instrumentalization and requalification) are central in this article, and help to demonstrate how the passage of time of memory, as opposed to the time of history, is anachronistic kind.  The reason is that the work of memory is an ongoing reinterpretation of the elements of the past, always performing in line with the temporal context, which itself determines the transmission or repression of any aspect of the servile past.

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