4 juin 2018
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Giulia Paoletti, « Searching for the Origin(al) », Cahiers d’études africaines, ID : 10.4000/etudesafricaines.22096
Cet article propose une archéologie de l’une des images les plus populaires et les plus largement reproduites au Sénégal et à travers sa diaspora: le portrait d’Amadou Bamba (1853-1927), le fondateur de la confrérie soufie mouride. Considéré comme une puissante source de baraka ou de bénédiction, ce portrait en noir et blanc peut être repéré pratiquement partout dans les espaces mourides de Touba à New York, de Dakar à Pékin. Malgré son omniprésence physique, la genèse de cette photographie reste mystérieuse. S’appuyant sur deux années de recherche d’archives et de terrain au Sénégal, cet article vise à recadrer la signification de cette image iconique en focalisant sur les récits de ses origines. Ce portrait, pris entre 1914 et 1916 pour illustrer les Études sur l’Islam au Sénégal de Paul Marty publié en 1917, fut l’un parmi de nombreux autres recueillis par l’administration coloniale dans le cadre de la surveillance et de la documentation de l’activité des dirigeants musulmans sénégalais. En s’efforçant de contourner une vision foucaldienne de la photographie, qui révèle les mécanismes de contrôle tout en rendant l’« Autre » muet, cet article prend en considération les récits des disciples mourides sur l’histoire de cette image. L’analyse de ces sources essentielles va à l’encontre des interprétations monolithiques de ce portrait comme étant une image de surveillance, et met en évidence l’instabilité du langage photographique, même lorsque le colonisateur est derrière la caméra.