8 mars 2007
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Gérard Barthélemy, « Réflexions sur deux mémoires inconciliables : celle du maître et celle de l’esclave », Cahiers d’études africaines, ID : 10.4000/etudesafricaines.4567
En s’appuyant notamment sur le cas d’Haïti, l’auteur tente de démontrer qu’il est pratiquement impossible qu’anciens maîtres et anciens esclaves puissent commémorer de façon conjointe la fin de l’esclavage ou l’émancipation générale. En effet, les deux protagonistes ne sauraient partager une vue commune de leur passé et, si le paysan haïtien d’aujourd’hui ne conserve plus, par exemple, que le souvenir de la fin de la contrainte exercée sur lui ainsi que celui d’une victoire sur son ancien maître, ce dernier par la charte de Charles X en 1825 n’a fait autre chose, en réalité, que remettre en œuvre la pratique traditionnelle de l’émancipation telle que prévue par le Code Noir. Il restera donc au maître à se libérer, notamment du préjugé de couleur, en renonçant au statut qu’il a inventé de toute pièce pour définir et justifier l’esclavage, et notamment le droit de propriété d’un homme sur un autre. L’auteur souligne que là où le maître voit une inégalité de nature, l’esclave ne perçoit qu’une inégalité de condition. Ces deux regards sont donc parallèles et le maître, trop souvent, cherche à se faire une gloire de sa mansuétude alors qu’il oublie sa responsabilité.