19 juillet 2018
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Morgane Le Guyader, « Enjeux et limites du processus de patrimonialisation comme outil de résistance : le cas de la communauté raizal sur l’île de San Andres », Études caribéennes, ID : 10.4000/etudescaribeennes.12589
La reconnaissance par l’UNESCO de l’archipel de San Andres, Providencia et Santa Catalina comme « réserve biosphère » (Seaflower) ainsi que la légitimation ethnique de sa population raizal par la constitution colombienne de 1991 sont les principaux dispositifs institutionnels de préservation de cette société insulaire en termes socio-culturel et environnemental. Pourtant, d’après les données recueillies lors de la phase exploratoire de mon enquête de terrain (2016), la perception collective raizal de ce cadre institutionnel se traduit par un sentiment de méfiance, causé par une gestion administrative corrompue et des pratiques d’exclusion socio-culturelle et économique de cette population particulièrement minoritaire sur l’île de San Andres. Si des actions en faveur de la préservation du territoire et du patrimoine culturel raizales sont menées par les groupes militants, celles-ci se caractérisent par des discordes d’ordre historiographique et linguistique qui constituent un frein au processus de patrimonialisation. Enfin, l’isolement géographique et social de cette société insulaire, renforcé par le litige géopolitique qui oppose le Nicaragua à la Colombie, vient contre-indiquer la mise en perspective d’un travail de patrimonialisation anglo-caribéen transrégional, en lien avec les régions voisines « créoles » (de l’Amérique Centrale jusqu’aux Antilles). Basé sur les résultats de la phase exploratoire de mon enquête ethnographique, cet article vise à interroger les notions de patrimoine et de patrimonialisation depuis une perspective anthropologique : dans quelle mesure les cadres institutionnels de patrimonialisation constituent-ils des outils de résistance identitaire ?