30 janvier 2023
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Thierry Joffroy et al., « La multiplication des catastrophes en Haïti peut-elle déboucher sur la diffusion de modèles d’habitats plus adaptés et ainsi renforcer la résilience ? », Études caribéennes, ID : 10.4000/etudescaribeennes.24654
Depuis 2010, Haïti a été sujette à de nombreux aléas. Séismes et cyclones ont tous causé des dégâts importants sur le bâti. Toutefois, dès 2010, l’observation de l’impact du séisme avait permis de bien faire la distinction entre les typologies constructives. Toutes n’avaient pas tué, toutes n’avaient pas été entièrement détruites, et certaines, bien que d’allure plutôt modeste, s’étaient bien comportées malgré l’intensité du choc. Des recherches menées sur ces typologies d’habitat, basées sur l’usage de systèmes constructifs en ossature bois et « remplissages » avec des matériaux disponibles localement, avaient alors amené à faire des propositions de reconstruction originales, valorisant ces pratiques locales. Celles-ci rencontrèrent des réticences dans le milieu haïtien du développement, jugées trop passéistes. Toutefois, dès lors qu’un premier prototype fut construit, l’intérêt de la démarche fut compris. Par ailleurs, des calculs de structure, la certification par le MTPTC et des essais en laboratoire puis sur table vibrante permirent au système constructif d’acquérir une réelle reconnaissance. Le modèle a ainsi pu être diffusé avec diverses variantes, notamment par la plateforme d’ONGs PADED. Lors du passage des cyclones Irma puis Matthew, les habitats construits se sont plutôt bien comportés. Ainsi, d’autres organisations intégrèrent l’idée et participèrent à la diffusion du concept de TCLA (Techniques de construction locales améliorées). La plupart des réalisations ayant été faites dans l’Ouest, les Nippes, le Sud et la Grande Anse, bon nombre d’entre elles ont subi le séisme du 14 août 2021. Il s’agissait là d’une mise à l’épreuve en situation réelle dont les résultats sont apparus plutôt éloquents. De fait, dès fin août 2021, le Shelter Working Group produisait un document d’orientation qui mentionnait l’intérêt de la démarche TCLA, car au-delà des performances para-sinistres elle permet une véritable prise en charge au niveau local, et sur le long terme. Force serait-il donc de constater que, à l’instar de ce qui a déjà été observé dans d’autres régions du monde, la récente répétition de sinistres en Haïti aurait engendré un changement radical de la culture des risques ? Cette nouvelle situation pourrait-elle à terme déboucher sur une meilleure adaptation des solutions pour l’habitat aux capacités et moyens des populations haïtiennes, et une meilleure prise en compte des aléas naturels avec, au final, plus de résilience ?