12 juillet 2023
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Coraline Kandassamy, « Shatta music, a new space for French West Indian feminism », Études caribéennes, ID : 10.4000/etudescaribeennes.27727
Cet article examine l'émergence de la musique martiniquaise Shatta comme espace de féminisme dans la Caraïbe française. Née en 2015 et dérivée de l'appropriation du riddims dancehall jamaïcains, la musique Shatta est devenue un champ d'expression pour les jeunes Noirs des Caraïbes françaises. Caractérisées par un espace dominé par les hommes à ses débuts, les paroles du Shatta avaient une forte connotation sexuelle et objectivaient souvent les femmes. Aujourd'hui, les jeunes femmes se sont approprié le mouvement pour exprimer leur expérience féminine. Elles chantent l'autonomisation, la confiance Elles chantent l'autonomisation, la confiance "'m'en fous de c'que tu penses je suis blindée de talent"(Kryssy, Shannon, Queens, 2021) ; l'ambition "La vie nou G , la vie nou belle , la vie nous rose, Biensur nou ka travail red , pou nou pé sa rouler en boss" /en français "notre vie est belle, bien sûr nous travaillons dur pour pouvoir conduire de belles voitures" (Kryssy, Shannon, 2021) ; ou encore le positionnement de la femme comme sujet et non comme objet ("La chou veut pas de toi, range ton slip" / en français : "la fille ne veut pas de toi, range ton slip"). En analysant les paroles, les vidéos et les performances de ces artistes féminines, cette recherche vise à analyser la manière dont elles déconstruisent les codes du système patriarcal. Il est vrai que les femmes antillaises françaises (French West Indian ou F.W.I. en anglais) sont particulièrement touchées car elles sont au cœur d'une position intersectionnelle. Tout d'abord, elles sont situées sur des îles qui connaissent des cas de subordination en raison de la relation ambivalente qu'elles entretiennent avec la France. De plus, elles luttent contre des stéréotypes qui les font passer pour des femmes trop déviantes sexuellement ou trop matriarcales. En raison de tous ces éléments, la musique Shatta est devenue un champ d'expression féministe dans les Caraïbes françaises.