26 avril 2012
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John Goodby, « “Through My Dream”: Trevor Joyce’s Translations », Études irlandaises, ID : 10.4000/etudesirlandaises.2012
Presque tous les traducteurs irlandais travaillent à partir d’un modèle que Lawrence Venuti appelle « domesticating translation ». Ils tentent de recréer le poème comme s’il avait été écrit dans la langue cible. Cependant, certains parmi les plus grands traducteurs irlandais du passé, notamment James Clarence Mangan et Brian Coffey, ont utilisé une stratégie que Venuti appelle « foreignizing translation » qui, à l’opposé, souligne les difficultés et les résistances que le texte source oppose à une représentation transparente dans le texte cible. Ces deux approches correspondent en gros à deux modes de traduction visibles dans le travail d’Ezra Pound, le poète-traducteur anglophone qui a exercé le plus d’influence au début du xxe siècle. Dans sa traduction de Buile Suibhne, The Poems of Sweeny Peregrine (1976), qui cite le précédent poundien, le poète neo-moderniste irlandais Trevor Joyce (né en 1947) se sert des deux modes pour produire une version déstabilisée et postmoderne du texte source, qui exploite les blancs, les interpolations du scribe et les contradictions narratives, tout en traduisant de manière intense l’expressivisme de l’original. Des stratégies radicales de traduction ont également influencé d’autres aspects du travail de Joyce, de son utilisation de formes et de sources japonaises et chinoises dans Stone Floods (1995) à sa technique du coupé-collé dans Trem Naul (2000), et de son utilisation du chant folklorique et de la poésie d’origine finno-ougrienne, hongroise et irlandaise dans What’s in Store (2007) et Courts of Air and Earth (2008) à son travail récent Rome’s Wreck (non encore publié) qui « traduit » « The Ruines of Rome » (1591) d’Edmund Spenser de façon “intralinguale’ (terminologie de Roman Jakobson), c’est à dire d’une forme de la langue anglaise vers une autre.