15 mai 2019
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Alexis Pinchard, « Méthode des hypothèses et usage cosmologique des Formes dans le Parménide de Platon », Études platoniciennes, ID : 10.4000/etudesplatoniciennes.1668
Dans le Parménide, le logos est affaire de fondement plutôt que de définition. Les Formes dont Socrate fait l’hypothèses n’y ont pas pour seul rôle de rendre possible la science de valeurs singulières. Elles valent par leur puissance causale à l’égard du divers sensible. La dialectique hypothétique permet ainsi de garantir l’intelligibilité du cosmos. Quand l’hypothèse des Formes se trouve ensuite mise à l’épreuve par Parménide, les apories qu’il en tire ne suffisent pas à la réfuter ; elles dégagent plutôt les bornes d’une interprétation correcte. Néanmoins ces unités idéales ne pourront être conservées que si, à son tour, la supposition en est justifiée par un principe supérieur. C’est seulement ainsi que ce qui était initialement posé dans l’ordre du possible se révèlera une vérité certaine et nécessaire. Or, en s’exerçant tout au long de la seconde partie du Dialogue, l’esprit deviendra capable de sentir l’efficace d’un tel principe. Car seul l’Un, une fois libéré des malentendus présocratiques, peut se présenter à l’intuition comme « l’anhypothétique » qui rend définitivement raison des hypothèses subalternes. Les hypothèses successives formulées par Parménide occasionnent la réappropriation cet absolu, dès qu’elles sont surmontées. Une lecture parallèle du Sophiste suggère que les hypothèses positives, avec leurs conclusions intenables, servent à dénoncer les ambiguïtés du monisme éléatique et à en faire sentir l’insuffisance structurelle : cette version de l’Un, oscillant entre l’abstraction vide et l’immanence dans une matière dispersive, manque toujours « de dignité et de puissance », tout comme les Formes posées par Socrate. Quand cela est reconnu, l’âme peut faire l’épreuve de la transcendance véritable.