2 mars 2021
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Lou Clemens, « Ni de gré, ni de force : l’ensorcellement poétique, par-delà la dichotomie violence et persuasion dans la République », Études platoniciennes, ID : 10.4000/etudesplatoniciennes.1857
L’opposition des deux moyens de contrainte que sont la violence et la persuasion est structurante dans l’œuvre de Platon et fait aujourd’hui consensus parmi les commentateurs. Pourtant, la dichotomie des paroles et des actes assimile trop rapidement deux régimes de parole, que cet article se propose distinguer. Une analyse sémantique, mais également phonique d’un passage de la République (412c9-414a8) offre l’occasion de la mise en évidence d’une troisième forme de manipulation contraignante, outre la persuasion sophistique et la violence tyrannique. Cette troisième forme est l’ensorcellement poétique. Sa spécificité tient à sa double inscription dans le registre du corps et dans celui des paroles. En effet, la poésie mimétique performe, outre le caractère et l’allure de l’homme, également la nature – dans le corps et dans la disposition d’esprit. De sorte que, de tous les manipulateurs d’Athènes, les poètes sont les plus dangereux.