15 février 2014
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Christian Girard, « L’identité ontologique du « nous » (ἡμεῖς) chez Plotin », Études platoniciennes, ID : 10.4000/etudesplatoniciennes.340
Plotin n’est pas l’inventeur du sujet moderne, produit de la déconstruction de l’ego cartésien. Même si les Ennéades font bien affleurer la figure d’un sujet, le « nous », qui cherche à se saisir dans l’exercice de la réflexivité, ce sujet est tout à fait étranger à la personne ou au moi modernes : le « nous » est une ousía sensible – le vivant rationnel – qui procède d’un eîdos intelligible – l’homme noétique –. Pour le philosophe, la question du « nous » se pose et se résout dans celle plus large de l’identité de l’homme. S’inscrivant dans la filiation de l’ontologie platonicienne, Plotin propose une définition de l’homme qui cherche à faire la synthèse des motifs de l’Alcibiade et de la psychologie du Phédon. Pour répondre aux objections majeures adressées par les doctrines péripatéticienne et stoïcienne aux présupposés du fondateur de l’Académie, il élabore progressivement une définition de l’homme qui, en articulant monisme de l’âme et dualisme du vivant, permet de sceller et de ratifier dans l’ontologie les présupposés dualistes de l’axiologie platonicienne. La nécessité de surmonter la dichotomie entre principe d’identité – l’homme noétique impassible – et principe d’individuation – l’homme sensible – conduit Plotin à assimiler le « nous » à la diánoia promue au rang de principe d’identité du vivant rationnel : la diánoia, conçue à la fois comme hégémonique rationnel et intellect possible, atteste la participation de la morphē sensible à l’eîdos intelligible en même temps qu’elle garantit la conversion de la morphē vers son eîdos.