21 novembre 2012
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Romain Graziani, « Rhetoric that Kills, Rhetoric that Heals », Extrême-Orient Extrême-Occident, ID : 10.4000/extremeorient.252
Le contexte politique d’un essaim de courtisans lancés dans une âpre course pour se gagner l’oreille et recueillir la faveur d’un seigneur dont l’autorité ne se voyait bornée par aucun mécanisme institutionnel, rend en partie raison du caractère hasardeux et souvent fatal de la persuasion politique à l’époque des Royaumes Combattants. La dangereuse oscillation de ces discours entre raison et trahison, salut et suicide, fait l’objet du présent article, qui loin de prétendre épuiser les richesses et les ambiguïtés de chacun des textes qu’il évoque, vise avant tout à repérer et évaluer un répertoire d’attitudes distinctes, depuis l’optimisme cognitif jusqu’au pessimisme moral, face à la possibilité du langage de convaincre et d’influencer son interlocuteur.Dans la lancée des conceptions équivoques sur les ressources du langage que l’on trouve dans le Han Feizi ainsi que dans les Stratagèmes des Royaumes Combattants, certains des discours que j’examine dans cette étude ont pour trait distinctif de déployer une rhétorique qui n’ambitionne pas de l’emporter sur un tiers, ou de gagner quelque chose en particulier ; ils s’emploient bien plutôt à réaliser ce qui constitue l’aspiration suprême en Chine de toute personne éduquée : changer le souverain, réformer son esprit, déclencher un processus de transformation retentissant sur tout le corps politique.