28 juillet 2017
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Pauline Bloch et al., « Le conte schwobien ou la poétique du singulier », Féeries, ID : 10.4000/feeries.1051
Comprendre, comme Lucrèce, la variété des choses, c’est voir en chacune une épiphanie de l’unique, en présenter la « singularité quelconque » (Giorgio Agamben). Dans le conte poétique en prose tel que le pratique Schwob, ce regard induit un positionnement instable entre mimesis et absence de représentation. La lecture heuristique, détour trompeur mais indispensable avant une lecture herméneutique, privilégie chez l’auteur de Cœur double et du Roi au masque d’or l’émotion, l’effet, la « sidération ». Mais en même temps, et là réside la force des textes génériquement ambigus qui composent ces deux recueils, la « tendance hallucinatoire » que Schwob attribue à l’image déclinée comme hypotypose permet de saisir vivement l’unicité d’un référent particulier. Cette singularité à la fois quelconque et irréductible, qui transfère sur le monde référentiel le caractère non catégorisable que Benedetto Croce voyait dans l’objet esthétique, confère au « conte » schwobien une poétique aux contours changeants, imprévisibles. L’« effet-recueil » ne remet pas totalement en question a posteriori la singularité de chacun de ces textes prépubliés, et les préfaces elles-mêmes sont des cartes perverses, au sens propre, qui indiquent des pistes de lecture en même temps que leurs déviations.