Adultère, indices médicaux et recul de la torture à Genève (XVIIe siècle)

Fiche du document

Auteur
Date

8 février 2016

Discipline
Type de document
Périmètre
Identifiant
Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2102-5886

Organisation

OpenEdition

Licences

https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess




Citer ce document

Sara Beam, « Adultère, indices médicaux et recul de la torture à Genève (XVIIe siècle) », Genre & histoire, ID : 10.4000/genrehistoire.2355


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

L’objet de cet article est de s’interroger sur la façon dont la pratique de la torture judiciaire était configurée par le rapport au genre, les attitudes envers le pêché, mais aussi par le témoignage des experts médicaux, à Genève au xviie siècle. En 1645, Nicolarde Bœuf a été diagnostiquée syphilitique puis accusée d’adultère : à Genève, ce crime, lorsqu’il était prouvé pouvait déboucher sur la peine capitale. Comme elle niait cette accusation, Nicolarde fut torturée, déclarée coupable et pendue. Alors qu’il a été avancé que le recours à l’expertise médicale avait réduit le recours à la torture judiciaire, cette analyse montre que les présupposés au sujet de la gravité de l’adultère féminin et du rôle des femmes en matière de transmission des maladies vénériennes ont amené les juges à faire torturer Nicolarde jusqu’à ce qu’elle confesse sa culpabilité. La pratique genevoise de la torture n’a donc pas décliné en raison du recours à l’expertise médicale mais parce que les juges ont décidé que l’adultère comme crime moral et sexuel ne méritait plus la peine de mort.

This article investigates how the practice of judicial torture was shaped by attitudes to sin, to gender, and to the testimony of medical experts in seventeenth-century Geneva. In 1645, Nicolarde Boeuf was found to have syphilis and was charged with adultery, a crime that, when proven, sometimes resulted in a sentence of execution in Geneva.  When she denied the charges, she was tortured repeatedly, found guilty, and ultimately hanged. Whereas other scholars have argued that growing reliance on medical experts reduced the need for torture in criminal trials, this analysis reveals that early modern assumptions about the seriousness of female marital infidelity and about the importance of females as vectors of sexually transmitted diseases led the judges to torture Nicolarde until she produced a confession of guilt.  The practice of torture declined in Geneva not because of increased reliance on medical experts but because Genevan judges eventually decided that sexual and moral crimes such as adultery did not warrant the death penalty.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en