14 juillet 2010
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2102-5886
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Sophie Vergnes, « De la guerre civile comme vecteur d’émancipation féminine : l’exemple des aristocrates frondeuses (France, 1648-1653) », Genre & histoire, ID : 10.4000/genrehistoire.932
Entre 1648 et 1653, la reine régente Anne d’Autriche eut beaucoup de peine à imposer une autorité féminine que le discours des juristes et des théoriciens politiques, souvent misogynes, avait largement contribué à décrédibiliser depuis la fin du XVIe siècle. Face à elle, les Frondeuses issues de l’aristocratie s’inspirèrent au contraire du discours de défense des femmes qui s’était répandu dans les milieux mondains peu avant les troubles pour intervenir dans la guerre civile et justifier leur participation à des entreprises militaires et politiques que leur interdisait théoriquement la « faiblesse » de leur sexe. Les plus engagées d’entre elles rédigèrent pendant la Fronde plusieurs textes justificatifs (pamphlets, lettres) dans lesquels elles mettaient en œuvre des stratégies discursives visant à les présenter comme des femmes d’État, aussi habiles et légitimes que leurs homologues masculins. La Grande Mademoiselle, dans les Mémoires qu’elle écrivit après la fin des troubles, revendique hautement cette compétence. Néanmoins, elle la réserve aux femmes de très haute lignée, subordonnant la hiérarchie entre les sexes à celle qui s’établit entre les rangs sociaux et promouvant ainsi une forme de féminisme élitiste.