Autonomie, territoire et échelles de formation des sujets politiques : le soulèvement des communautés de Cherán et d’Ostula et le mouvement des Autodéfenses du Michoacán (2009-2014)

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6 mars 2024

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Anonyme, « Autonomie, territoire et échelles de formation des sujets politiques : le soulèvement des communautés de Cherán et d’Ostula et le mouvement des Autodéfenses du Michoacán (2009-2014) », Géocarrefour, ID : 10.4000/geocarrefour.22459


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L’objectif de cet article est de soutenir une conception actualisée et critique de l’autonomie pour comprendre les rapports entre sujets sociaux. Bien que partant des intuitions de Proudhon, j’argumenterai qu’il faut dialectiser les processus de formation des différents sujets collectifs (politiques) pour esquisser un projet émancipateur proche de celui de Castoriadis, soit la systématisation de rapports sociaux autonomes à toutes les échelles de la société (individuelles, groupales, fédérales, etc.). En concevant l’autonomie ainsi, il devient possible de considérer le territoire comme la dimension spatiale ou l’échelle du sujet autonome, ce qui permettra de faire le lien avec les apports de géographes anarchistes latino-américains comme Lopes de Souza. À partir de cette matrice théorique, j’illustrerai comment des luttes locales contre le crime organisé, celles des communautés indigènes de Cherán (purépecha) et Ostula (Nahua) dans l’État du Michoacán au Mexique, ont favorisé la réaffirmation de sujets communautaires en quête d’autonomie. Historiquement ancrées sur leurs territoires et imprégnées de pratiques d’autogouvernements, ces deux communautés vont avoir un rôle clé dans la formation d’une sujet politique d’une échelle plus large, celui du mouvement des autodéfenses contre le cartel sanguinaire des Chevaliers templiers, questionnant au passage le rôle de l’État. La structuration d’un mouvement qui s’articule à partir des communautés permet ainsi une certaine analogie avec la proposition fédéraliste du communisme libertaire.

El objetivo de este artículo es sostener una concepción actualizada y crítica de la autonomía para comprender las relaciones entre los sujetos sociales. Aunque basado en las intuiciones de Proudhon, argumentaré que es necesario dialectizar los procesos de formación de sujetos colectivos (políticos) para esbozar un proyecto emancipatorio cercano al de Castoriadis, es decir que busca sistematizar las relaciones sociales autónomas en todos los niveles de la sociedad (individual, grupal, federal, etc.). Al concebir la autonomía como tal, se hace posible considerar el territorio o la escala como dimensión espacial propia del sujeto autónomo, lo que permitirá establecer conexiones con las contribuciones de geógrafos anarquistas latinoamericanos como Lopes de Souza.A partir de esta matriz teórica, ilustraré cómo las luchas locales contra el crimen organizado –las de las comunidades indígenas de Cherán (purépecha) y Ostula (nahua) en el Estado mexicano de Michoacán– han propiciado la reafirmación de sujetos comunitarios en busca de autonomía. Históricamente arraigadas en sus territorios e imbuidas de prácticas de autogobierno, estas dos comunidades desempeñaron un papel clave en la formación de un sujeto político a mayor escala, el del movimiento de autodefensa contra el sanguinario cártel de los Caballeros Templarios, permitiendo de paso cuestionar el papel del Estado. La estructuración de un movimiento basado en comunidades permite así una cierta analogía con la propuesta federalista del comunismo libertario.

The objective of this article is to support an updated and critical conception of autonomy to understand the relationships between social subjects. Although starting from Proudhon's intuitions, I will argue that it is necessary to dialectize the processes of formation of the different collective (political) subjects in order to outline an emancipatory project close to that of Castoriadis, that is, the systematization of autonomous social relations at all scales of society (individual, group, federal, etc.). By conceiving of autonomy in this way, it becomes possible to consider the territory as the spatial dimension or the scale of the autonomous subject, which will make it possible to make the link with the contributions of Latin American anarchist geographers like Lopes de Souza.From this theoretical matrix, I will illustrate how local struggles against organized crime, those of the indigenous communities of Cherán (purépecha) and Ostula (Nahua) in the state of Michoacán in Mexico, have favored the reaffirmation of community subjects in quest for autonomy. Historically anchored in their territories and imbued with self-governance practices, these two communities will have a key role in the formation of a political subject on a broader scale, that of the self-defense movement against the bloodthirsty Knights Templar cartel, questioning in passing the role of the State. The structuring of a movement which is based on communities thus allows a certain analogy with the federalist proposal of libertarian communism.

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