L'Iran au travers du prisme géopolitique

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10 juin 2021

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Pierre Pahlavi, « L'Iran au travers du prisme géopolitique », Revue de géographie historique, ID : 10.4000/geohist.1487


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Pays charnière, verrou stratégique, carrefour de communication, nœud de pèlerinage et d'échange commerciaux, l'Iran possède, à plus de titres, une réputation de pivot géopolitique. Pour autant, sa trajectoire n'est pas uniquement déterminée par sa place centrale sur la mappemonde. En marge de la géopolitique classique qui se limite à l'impact de la géographie physique, une voie alternative consiste à examiner la manière dont cette réalité permanente et objective est prolongée, reconstruite et réinterprétée historiquement sous la forme d'un prisme subjectif qui détermine à son tour la perception que les états ont les uns des autres et de leur rôle respectif dans le jeu international. À travers ce prisme, un pays comme l'Iran est vu, construit, reconstruit et confiné dans une série de « fonctions géopolitiques » qui définissaient pérennisent ses interactions autant que le contexte géographique tangible dans lequel il évolue. À quelques nuances près, le rôle qu'assignent les autres états à l'Iran se résume invariablement à celui d'un moyen stratégique pouvant et devant être mis au service de leurs propres intérêts. Vu par ses voisins eurasiatiques, l'Iran est un passage sur un axe de conquête, un corridor d'invasion, une étape sur une voie commerciale, un verrou stratégique vers le Nord ou un accès vers les mers chaudes du Sud. Vu d'outremer, de l'Occident lointain, l'Iran se voit plutôt attribué une fonction de pion stratégique, d'État tampon ou de débouché économique. Le fait est qu'aucune des fonctions qui lui sont assignées de l'extérieur ne correspond au rôle que l'Iran ambitionne lui-même de jouer sur la scène internationale : celui d'un État autonome et désireux de poursuivre une politique de grande puissance souveraine et affranchie des diktats de la communauté internationale. L'objectif de cet article est de démontrer que, en plus d'être influencés par les paramètres d'ordre géostratégique, l'Iran et son destin sont très largement façonnés par la contradiction profonde qui existe entre les « fonctions » géopolitiques que lui attribuent les autres états, régionaux et extrarégionaux, et le rôle que ce pays estime devoir être le sien sur l'échiquier moyen-oriental et international. La mise en contraste de ces visions géopolitiques - souvent divergentes - permet de faire apparaitre la dimension éminemment complexe et conflictuelle de la relation entre l'Iran et ses partenaires internationaux ainsi que le nombre limité des options stratégiques qui s’offre à ce pays dans la poursuite de ses ambitions et objectifs stratégiques.

Described as a linchpin, a strategic lock, a communication crossroads, a pilgrimage node or a trade hub, Iran has, in many ways, a reputation of geopolitical pivot. However, it would be a mistake to overstate the importance of its central position on the world map. Beyond classical geopolitics, which focuses on the impact of physical geography, an alternative way is to examine how this permanent and objective reality is prolonged, reconstructed and reinterpreted historically in the form of a subjective prism that determines in turn the perception that states have of each other and of their respective roles on the international stage. Through this prism, a country like Iran is seen, constructed, reconstructed and confined to a series of functions that define and perpetuate its interactions as much as the tangible geographic context within which it operates. With a few slight variations, the role that other states assign to Iran invariably amounts to that of a mere instrument that can and must be put at the service of their own interests. Seen by its Eurasian neighbors, Iran is viewed as a passage on an axis of conquest, an invasion corridor, a counter on a commercial route, a strategic bolt to the North or a bridge to the warm southern seas. Seen from far-off West, Iran is rather attributed a function of a strategic pawn, a buffer state, an influence platform or an economic outlet. A key fact is that none of the functions assigned to it from the outside corresponds to the role that Iran itself aspires to play on the international scene: that of a sovereign State willing to pursue a policy of great power emancipated from the dictates of the international community. The objective of this article is to demonstrate that, in addition to being influenced by tangible geostrategic parameters, Iran and its behavior are very largely shaped by the profound contradictions that exist between the geopolitical "functions" attributed to it by other states, regional or extra-regional, and the role that this country feels should be its own on the Middle Eastern and international chessboard. Contrasting these geopolitical visions - often divergent - makes it possible to reveal the profoundly complex and conflictual dimension of the relationship between Iran and its international partners, as well as the limited number of strategic options available to this country to pursue its ambitions and strategic objectives.

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