28 décembre 2021
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Michel Réjalot, « Tradition, innovation et rupture : Le château viticole bordelais d’hier à aujourd’hui (XVIe-XXIe siècles) », Revue de géographie historique, ID : 10.4000/geohist.2840
Le « château viticole », une des singularités du vignoble bordelais que l’on peut considérer comme traditionnelle, fait cependant l’objet d’innovations récentes. Dans la longue durée, le caractère traditionnel se perçoit à travers la construction d’un objet géographique doublé d’un concept de viticulture, entre le XVIe et le XXe siècles. Cette lente mise au point du château viticole s’inscrit tant dans une culture matérielle qu’une culture idéelle, assez constantes et durables, que l’on qualifiera de latine ou romaniste, valorisant l’otium. Ces cultures sont spécifiques de l’univers intellectuel d’une certaine bourgeoisie française moderne refondatrice du vignoble. A l’époque contemporaine, la continuité de cette tradition s’observe une bonne part du XIXe siècle. Mais le XXe et surtout le XXIe siècles introduisent des innovations et des ruptures radicales dans ce schéma classique. Ces changements se lisent dans la spécialisation viticole du domaine et plus encore dans l’inversion du rapport à l’art de bâtir, relativisant l’importance de la partie noble au profit des communs. Les chais deviennent le nouveau cœur d’un véritable complexe marchand, traduisant probablement le renversement du système de valeur dans lequel s’inscrit la société viticole, désormais au service accru du négotium.