6 mai 2022
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Jean-Marie Cauchies et al., « Le Lothier : variations séculaires entre territoire et mémoire (IXe – XVIIIe siècle) », Revue de géographie historique, ID : 10.4000/geohist.4079
L’espace alto-médiéval séparant Escaut et Rhin offre l’exemple d’une filiation territoriale entre Francia media (milieu du IXe siècle), Lotharingia (seconde moitié du IXe siècle) et Lothier (depuis les Xe-XIe siècles). La formation du Lothier est alors le fruit de la politique territoriale des empereurs de la dynastie saxonne. Le titre ducal qu’ils décernent à de grands féodaux chargés de les représenter et d’exercer des prérogatives déléguées par eux va bientôt subir un glissement qui l’affectera puis, par la force des choses, le circonscrira au seul Brabant (XIIe siècle). La référence au Lothier va toutefois survivre et être intégrée dans la titulature bien fournie des ducs Valois de Bourgogne, entrés au XVe siècle en possession du Brabant. On n’hésite pas alors, dans l’entourage de ces princes, à recourir à la fiction historique pour se remémorer la Lotharingie tout entière et à inspirer dans le même sens les récits de chroniqueurs et les pratiques héraldiques. Mais les gouvernants des Pays-Bas ne sont pas seuls à y être sensibles. La même référence tient aussi sa place dans le vocabulaire des gouvernés, brabançons en tout cas, aux temps modernes. La fiction ne va généralement pas jusqu’à compter le Lothier au nombre des « XVII Provinces » des souverains Habsbourg d’Espagne au XVIe siècle. Le souvenir en demeure néanmoins vivace au cœur du Roman Pays de Brabant, où vont le véhiculer jusqu’à la fin de l’Ancien Régime la mémoire d’un château disparu et la réalité d’une cour féodale, à l’appui de prétentions juridictionnelles.