7 juin 2012
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Klaus Haberkamm, « Günter Eich : Nicht geführte Gespräche (1964). Ein Gedicht des Schweigens im Dialog (mit sich selbst) », Germanica, ID : 10.4000/germanica.1476
Le poème Nicht geführte Gespräche, qui relève de la littérature hermétique, s’inscrit dans la tension paradoxale entre le chiffre, ce qui se ferme à la réception, et l’élan qui pousse de diverses manières à la communication. Comme le montre l’analyse détaillée du texte, le poème est engagé dans un dialogue, entre autres avec lui-même, au sens où il thématise et figure le silence dans l'acte de parole. Il est en dialogue avec son auteur et les théories qu’il représente, au sens où, considéré sous l’angle de l’évolution de l’œuvre de Eich et de l’histoire du lyrisme il est l’illustration poétique du dépassement de la poésie de la nature. Last but not least, il est en dialogue avec diverses Variantes du « consensus », y compris l’attitude de l’auteur lui-même, au sens où, de manière tout à la fois ouverte et cachée, il opère un règlement de comptes. C'est surtout avec les théories de Hegel que s'engage le dialogue critique, au sens où le poème, qui se place d'un point de vue en dernière instance kantien oppose au logocentrisme philosophique de Hegel l’autonomie et la non-conceptualité de l’art ; au sens aussi où il confronte sa conception épistémologique de l’équivalence entre perception et réalité, et donc de la possibilité d’une saisie adéquate de la réalité avec la subjectivité de l'aperception du monde. À ce propos, Eich, jouant ironiquement, au sens de Till l’Espiègle, de ce qu’il présente comme un anarchisme formel, se sert de la méthode dialectique de Hegel en articulant clairement son texte lyrique en trois phases. Cette critique trouve son prolongement dans la controverse qui s’engage avec le régime de la RDA (au fond hégélien de gauche), ses doctrines épistémologiques et esthétiques, ainsi que dans le message de solidarité à l’adresse de Peter Hüchel, le réprouvé, l’homme en désaccord avec ce système totalitaire. Enfin, les paradigmes de l’histoire de la réception permettront de montrer l’échec flagrant du dialogue critique avec le camp du marxisme « consensuel ».