27 janvier 2014
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Lothar Köhn, « Amanda herzlos Rückblicke auf die DDR in der erzählenden Prosa seit 1991 », Germanica, ID : 10.4000/germanica.2168
Au vu du vaste débat mené dans les journaux littéraires en 1990-1993 sur les orientations politiques, la responsabilité morale et la compromission de certains auteurs de la RDA avec la Stasi, la prose narrative récente en partie autobiographique représente aujourd’hui une extraordinaire source d’informations. Cette prose véhicule sans doute un contenu référentiel, mais en même temps ces textes soit traduisent en réaction (H. Kant), soit affichent (H. Müller), que « l’irrémédiable dilution du moi » (Bahr) thématisée depuis le début du siècle, la perte du sens et les conjectures sur la vérité authentique ne sont pas que slogans. Plus la mise en fiction du passé immédiat est manifeste, plus convaincante est l’interprétation de la réalité en un projet qui fait de ses prémisses ses propres références, – que ce soit sur le mode de la consolation chez Strittmatter (Der Laden), ou d’une opposition polémique contre une fausse téléologie chez Maron (Stille Zeile sechs). Dans le nouveau roman de Jurek Becker (1992), la fracture entre la narration et le narré – si caractéristique de sa manière – atteint un point critique – Amanda herzlos s’inscrit bien dans cette mesure dans l’ensemble de l’œuvre – ; par ailleurs, la question actuelle de la continuité biographique (ou des ruptures existentielles), de la connaissance de la vérité, sous-tend toute la structure thématique du roman. Deux intellectuels de RDA, et un intellectuel d’Allemagne de l’Ouest, avec chacun sa relation particulière aux textes, tentent de donner un équilibre à leur biographie, en prenant possession d’une femme par le récit, la palabre, ou par la réfraction littéraire des « faits »; une femme qui se dérobe à eux de façon contradictoire et imprécise, échappe à la récupération, même si à la fin, avant de passer à l’ouest (1989) cela ne lui est posssible que sous la même forme qu’au début: en continuant d’écrire son propre roman. Ceux qui se sont adaptés (les hommes) vont bien, mais la vérité sur Amanda se dérobe; les conjectures de Johnson sur l’expérience possible de la réalité de la RDA se trouvent implicitement corrigées là où il n’y a plus rien à conjecturer, mais elles ne sont pas démenties pour autant. Le roman de Becker demeure de la fiction « morale » par-delà toute « esthétique de conviction » (Greiner).