14 septembre 2015
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Jean-Jacques Pollet, « Fictions policières archaïques des lettres allemandes », Germanica, ID : 10.4000/germanica.2821
On sait que les historiens du genre s’accordent à situer l’âge classique du récit dit « policier » entre 1920 et 1940 environ. En attribuant la paternité de celui-ci à E.A. Poe, en reconnaissant en Dupin l’ancêtre et le modèle du « détective », ils admettent également, au moins dans sa phase archaïque, une parenté, sinon une connivence, entre fiction policière et récit fantastique, repérable, entre autres, chez G. Leroux ou C. Doyle. Or les lettres allemandes de l’époque présentent, croyons-nous, des productions comparables, chez L. Perutz, O. Soyka et A.M. Frey par exemple. L’analyse des moments clés de la structure narrative typique qu’ils empruntent – infraction, instruction, restauration – met cependant en lumière une stratégie originale ; la rupture qu’ils mettent en scène, loin d’être posée pour être finalement circonscrite ou résorbée, comme le voudrait la morale policière orthodoxe, est chez eux irrévocablement contagieuse. On ne se réveille jamais tout-à-fait, ici, du cauchemar, comme avec Sherlock Holmes ou Rouletabille. Fussent-ils marginaux par rapport aux canons du genre, il s’agit de textes qui, en tout cas, invitent à réviser le préjugé tenace selon lequel les lettres allemandes seraient vides de tradition policière.