24 juillet 2017
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Frédéric Weinmann, « „Daß man gestorben sein muß, um ganz ein Schaffender zu sein“ », Germanica, ID : 10.4000/germanica.3734
La stratégie narrative de Thomas Mann inclut, comme on le sait, l’« éminent recopiage » de textes scientifiques tels que par exemple l’article sur le typhus dans l’Encyclopédie Meyer, qui servit de base à la description de l’agonie du jeune Hanno Buddenbrook. Une exploitation aussi sereine de sources étrangères est à mettre en rapport avec le refoulement de sentiments personnels, général chez Thomas Mann, et l’invention de masques. Dès lors, la présence frappante de la mort dans son œuvre de jeunesse s’explique en grande partie par la mort prématurée de son père et le suicide traumatisant d’une sœur cadette, que Mann a abordés de manière cryptée en traduisant symboliquement tout ce qui relevait du privé dans un système d’équivalences complexe. Ainsi, l’assimilation de la véritable existence d’artiste à la mort, dont on trouve l’expression la plus aboutie dans Tonio Kröger et La mort à Venise, est également une conséquence du travail de deuil et de l’expérience de la fragilité de la vie.