10 septembre 2018
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0984-2632
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2107-0784
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess
Sylvaine Faure-Godbert, « De la Roumanie à l’Allemagne, la fremde Heimat de Herta Müller », Germanica, ID : 10.4000/germanica.4661
Née en 1953 en Roumanie au sein de la minorité germanophone des Souabes du Banat, réfugiée en Allemagne depuis 1987, Herta Müller se trouve à la croisée des identités et des cultures. Pour des raisons qui tiennent à sa biographie mais aussi au mode de perception qu’elle revendique, elle ne saurait faire sienne la notion de Heimat. Instrument d’oppression de l’individu mis au service d’un refoulement collectif, elle constitue pour elle, dans sa composante souabe comme roumaine, un lieu dans lequel on ne peut pas vivre. Elle tient de plus la Fremdheit pour un mode idéal de relation au monde, sapant ainsi a priori la possibilité d’une quelconque appartenance.Cette Heimat qu’elle exècre s’impose cependant dans son œuvre comme un noyau vide à partir duquel elle redéfinit, au fil de son histoire, ce que signifient pour elle l’appartenance, l’exil, la Heimatlosigkeit, le mal du pays, etc. Car c’est précisément le fait d’évider sans cesse cette notion qui rend d’autant plus nécessaire ce réajustement permanent. Et de même que le « regard étranger » qu’elle porte sur le monde préexiste à l’exil, la Roumanie demeure « l’arrière-pensée » de tout ce qu’elle perçoit en Allemagne.