Prière et crime dans la Pologne de l’entre-deux-guerres : l’agenda musical 1924 du chantre Elias Zaludkovsky

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18 février 2021

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Jeremiah Lockwood, « Prière et crime dans la Pologne de l’entre-deux-guerres : l’agenda musical 1924 du chantre Elias Zaludkovsky », Germanica, ID : 10.4000/germanica.9821


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Dans cet article, j’explore la série de concerts donnés par le chantre Elias Zaludkovsky durant l’année 1924 dans la Pologne de l’entre-deux-guerres. Dans les publications dont il fut l’auteur, Zaludkovsky campe une identité conservatrice, fustigeant ses collègues d’alors, à qui il reproche de corrompre la tradition en faisant le jeu de la commercialisation et de la médiatisation de la musique sacrée. Les chantres qui, soucieux de populariser leur art, affranchissaient la musique liturgique de son contexte rituel, notamment en enregistrant des disques mais aussi en se produisant en concert, généraient un tiers espace de culture liturgique dépourvu de règles. Cette visée divertissante mettait en péril la dignité du métier âprement acquise par les chantres professionnels tout au long du xixe siècle. Alors même qu’il condamnait la propension de ses pairs à populariser et vulgariser la musique cantoriale, Zaludkovsky poursuivit une active carrière de concertiste, se produisant devant des auditoires fournis. L’analyse des coupures de presse rassemblées dans un album constitué par ses soins révèle une image nuancée tant des circonstances dans lesquelles Zaludkovsky pratiquait son art que de la musique qu’il interprétait, et qu’il valorisait donc parce qu’elles constituaient à ses yeux un champ dans lequel il convenait qu’un chantre évolue. Ma thèse est que la carrière de concertiste de Zaludkovsky révèle un équilibriste accomplissant sa mission cantoriale dans ce qu’elle a de sacré mais succombant aussi aux formes de forfaiture culturelle identifiée par ses soins : il s’agissait ce faisant de s’adresser à la multiplicité de tendances présentes dans la communauté juive de la Pologne d’alors sans pour autant désavouer l’éthique cantoriale.

In this essay I explore the 1924 concert season of Cantor Elias Zaludkovsky in interwar Poland. In his published writings Zaludkovsky established an identity as a conservative, castigating contemporary cantors for corrupting tradition through excessive commercialization and mediatization of sacred music. Cantors popularizing their work through new technologies and concert performance venues that divorced liturgical music from its ritual context, especially by making records, engendered an unregulated third space of liturgical culture as entertainment that threatened to demean and degrade the hard-earned sense of dignity that professional cantors had struggled for over the course of the nineteenth century. Although Zaludkovsky condemned his peers for popularizing and vulgarizing cantorial music, he himself maintained an active concert career performing for a mass concert audience. Through an analysis of press accounts of Zaludkovsky’s concerts that he collected in his scrap book, a nuanced picture emerges of the kinds of performance and musics that Zaludkovsky valued and that he believed to constitute appropriate musical fields for a cantor to pursue. I argue that in his concert career Zaludkovsky walked a fine line between performing the sacred identity of cantor and falling into the forms of cultural crime that he himself had identified, addressing himself to multiple strands of the internally diverse Jewish community of interwar Poland while maintaining his commitment to cantorial ethics.

In diesem Aufsatz untersuche ich die Konzertsaison 1924 des Kantors Elias Zaludkowski im Polen der Zwischenkriegszeit. In seinen veröffentlichten Schriften etablierte Zaludkowski eine Identität als Konservativer, der zeitgenössische Kantoren dafür geißelte, dass sie die Tradition durch exzessive Kommerzialisierung und Mediatisierung der geistlichen Musik korrumpiert hätten. Kantoren, die sich der Populärkultur annähern wollten und die liturgische Musik von ihrem rituellen Kontext entfernten, vor allem durch Schallplatten-Aufnahmen, schufen einen unregulierten dritten Raum liturgischer Kultur als Unterhaltung, der das hart erarbeitete Gefühl der Würde, um das professionelle Kantoren im Laufe des 19. Jahrhunderts gekämpft hatten, gefährdete. Obwohl Zaludkowski seine Kollegen für die Popularisierung und Vulgarisierung der kantorialen Musik verurteilte, pflegte er selbst eine aktive Konzertkarriere, indem er vor einem Massenpublikum auftrat. Durch die Analyse von Presseberichten über Zaludkowskis Konzerte, die er in seinem Sammelalbum aufbewahrte, ergibt sich ein nuanciertes Bild der Aufführungs- und Musikarten, die Zaludkowski schätzte und von denen er glaubte, dass sie für einen Kantor geeignete musikalische Betätigungsfelder darstellten. Ich behaupte, dass Zaludkowski in seiner Konzertkarriere auf einem schmalen Grat zwischen der heiligen Identität des Kantors und dem Hineinfallen in die Formen des Kulturverbrechens, die er selbst identifiziert hatte, wandelte, indem er sich an mehrere der innerlich vielfältigen jüdischen Gemeinschaft des Zwischenkriegspolens wandte und gleichzeitig sein Engagement für die Kantorenethik aufrechterhielt.

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