27 janvier 2022
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Caroline Déodat, « Polyphonies coloniales », GLAD!, ID : 10.4000/glad.3651
Inscrit dans le récit national et patrimonial post-colonial de l’île Maurice au rang de « tradition créole nationale », le séga mauricien relève aussi d’une autre histoire, qui serait à trouver, non pas du côté de la trame coloniale, mais du côté d’une littérature orale où peuvent s’entendre les voix de ségatières et de ségatiers à même de déstabiliser une conception essentialiste de la créolité mauricienne.Cet article rend compte d’une part, d’une dimension « macro » relevant des idéologies de race, de genre et coloniales traversant les poétiques étudiées, et d’autre part d’une dimension « micro » des pratiques langagières du séga. Le recours au concept de polyphonie permettra de montrer la dimension irréductiblement indexicale de ce rituel poétique, musical et dansé en tant qu’il renvoie à d’autres discours l’ayant précédé dans l’histoire et à d’autres espaces-temps énonciatifs que sont les archives de la période esclavagiste et coloniale, tout en affichant comment les ségatiers et les ségatières ont pu, à travers la création d’une poétique de la langue créole et d’une esthétique carnavalesque, prendre des distances avec les assignations raciales et les normes coloniales.