15 décembre 2020
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Tatiana Clavier, « Modalités de diffusion et rhétoriques des discours misogynes et misogames imprimés à la Renaissance », GLAD!, ID : 10.4000/glad.934
De la fin du xve siècle à la fin du suivant, les premières presses d’imprimerie permettent la publication de nombreux discours visant à attaquer ou à défendre les femmes. Le contexte est celui de l’accélération de la dégradation de la situation et des droits des femmes qui sévit depuis la fin du xiiie siècle, parallèlement à la montée en puissance de la clergie. Mais c’est aussi la période des grandes dirigeantes françaises au sommet de l’État qui défendent leurs intérêts comme celles des grands duchés l’avaient fait au xve siècle, soutenant les premières manifestations de la Querelle des femmes. L’état des lieux de la production imprimée montre que les discours misogynes et misogames confiés aux premières presses le sont parfois sous des titres qui masquent leur positionnement, ou accompagnés de discours qui les contredisent. Il montre aussi que ces discours suscitent de nombreuses ripostes. Les rhétoriques mises en œuvre dans les plus divulgués indiquent que les argumentaires proféminins étaient assez diffusés pour qu’ils se retrouvent jusque dans les discours des partisans de l’ordre du genre. Non seulement les auteurs misogynes les rappellent pour les contester ou s’en moquer, mais même les plus virulents d’entre eux se doivent, d’une manière ou d’une autre, à un moment ou un autre, de s’affirmer du côté des femmes ou bien de se justifier de prendre la plume pour les dénigrer. Ces interférences dans leurs discours confirment la force de l’argumentaire féministe en cette période des premiers imprimés qui est aussi celle de l’exacerbation de la Querelle des femmes.