Généalogie d’une enquête sur les « étranger-e-s du dedans ». Entretien avec Eleni Varikas

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Eleni Varikas est professeure des universités en science politique, à l’université Paris 8 et au sein de l’équipe « Genre, Travail, Mobilités » du laboratoire Cresppa. Elle a soutenu en 1986 une thèse d’histoire intitulée « La Révolte des Dames. Genèse d'une conscience féministe dans la Grèce du xixe siècle (1883-1908) ». Combinant approche historique et théories politiques, attentive à l’expression des subjectivités, elle s’est par la suite consacrée non seulement aux féministes et aux femmes, mais à tou-te-s les exclu-e-s de la République (Tsiganes, Juifs, femmes, esclaves, Noir·e·s) rassemblé-e-s sous des figures de parias auxquels elle a consacré un ouvrage : Les Rebuts du monde (2007). Dans cet entretien, réalisé en janvier 2012, Eleni Varikas retrace la genèse de sa recherche sur la construction d’autruis inhumains, colonisés et esclavagisés hors du continent européen, racisés et minorisés en son sein. Motifs scientifiques, historiques, politiques et biographiques se mêlent dans les propos d’une féministe venue de Grèce dans les années 1970, forte de son expérience de lutte contre la dictature et nourrie d’idéaux démocratiques, pour dévoiler quelques-unes des raisons pour lesquelles elle s’est lancée dans une enquête sans fin, sur le paria, cet « étranger de l’intérieur » qui se cogne aux murs invisibles d’« un monde prétendant avoir aboli les privilèges de naissance » (Penser le sexe et le genre, 2006).

Eleni Varikas is a professor of political science at the University of Paris 8 and with the « Gender, Work, Mobilities » team at the Cresppa laboratory. In 1986 she argued a dissertation in history, entitled « Women revolt. Genesis of feminist consciousness in 19th-century Greece (1883-1908) ». Combining an historical approach with political theory, and attentive to the expression of subjectivities, she has subsequently devoted herself not just to feminists and women but to all those excluded from the Republic , a collection of outcasts to whom she has devoted a book : Les Rebuts du monde [The Refuse of the World] (2007). In this interview, conducted in January of 2012, Eleni Varikas retraces the genesis of her research on the construction of the inhuman other, colonized and enslaved outside the European continent, racialized and minoritized inside it. Scientific, historical, political, and biographical reasons mix in the talk of a feminist who came from Greece in the 1970’s, strengthened by the experience of struggle against dictatorship and nourished by democratic ideals, as she divulges her reasons for embarking on an endless investigation of the outcast, the « stranger from within » who bumps into theinvisible wallsof "a world claiming to haveabolished the privilegesof birth"(Penser le sexe et le genre [Think sexand gender],2006).