3 décembre 2021
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Flora Hergon, « Contrôle de l’intimité et normes de genre : la qualification d’un comportement suspect et sa contestation dans le cadre de perquisitions et d’assignations à résidence pendant l’état d’urgence », Genre, sexualité et société, ID : 10.4000/gss.6949
Cet article analyse le contrôle de l’intimité dans le contexte des perquisitions et des assignations à résidence opérées à la suite des attentats du 13 novembre 2015 en France. Les résultats reposent sur l’analyse d’entretiens répétés et de dossiers administratifs de personnes suspectées de radicalisation à caractère islamique et ayant fait l’objet de ces mesures. L’étude de la qualification administrative et policière d’un comportement suspect révèle une attention non seulement aux pratiques religieuses, mais aussi aux relations supposées inégalitaires entre hommes et femmes différemment suspecté·es. Le recours administratif peut néanmoins constituer un outil pour contester cette suspicion de transgression de normes sociales. La promotion d’une mixité genrée, du modèle du bon père de famille ou d’une masculinité libérale souligne une réappropriation des catégories normatives par les personnes suspectées afin de prouver une vie privée conforme à l’ordre social. Cette étude sur la mobilisation des normes de genre pour justifier ou contester des mesures sécuritaires étend l’analyse du contrôle étatique de l’intimité au-delà de l’espace domestique, jusqu’à l’arène de la justice administrative.