3 décembre 2021
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Jeannette Wogaing, « Être mère et en prison au Cameroun », Genre, sexualité et société, ID : 10.4000/gss.7077
Les prisons sont des espaces d’enfermement où l’individu se voit privé de libertés. Il y est soumis à un règlement intérieur qui réorganise et régit son quotidien. Dans un tel univers, la femme, et davantage la mère, est appelée à continuer à jouer ses rôles. Il arrive que sa relation affective avec sa progéniture soit réduite à de simples visites hebdomadaires ou mensuelles dont la durée est variable. Pour ces femmes écrouées, la vie carcérale ne permet pas toujours de s’assumer au quotidien en tant que mère. À la suite d’une enquête menée entre août 2011 et février 2017 dans deux établissements pénitentiaires du Cameroun sur la base d’observations, d’entretiens et de récits de vie avec une soixantaine de mères incarcérées et quatre personnels pénitentiaires, les résultats de notre analyse montrent (d’une part) que les détenues dont les enfants sont mineur(e)s ont des rapports conflictuels avec leur progéniture et (d’autre part) que les prisonnières vivent avec beaucoup d’amertume, d’impuissance et d’indignité leur enfermement. Par ailleurs, leur statut de mère et surtout de personne privée de libertés et d’intimité les amène à être mères autrement.