18 juin 2019
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Amélie Gregório, « De la possibilité d’un autre discours théâtral sur l’« ailleurs » algérien et marocain au début du xxe siècle ? », Horizons/Théâtre, ID : 10.4000/ht.328
Dans Le Simoun (1921), L’Insoumise (1922), L’Esclave errante (1923) et Atlas-Hôtel (1931), Henri-René Lenormand, Pierre Frondaie, Henry Kistemaeckers et Armand Salacrou font évoluer leurs personnages, français et arabes, dans des décors algériens ou marocains. Les représentations qu’ils donnent de l’Afrique du Nord coloniale ne sont pas toutes fondamentalement négatives, ni complètement caricaturales. Elles ne sont pas non plus l’adaptation dramatique d’un discours de propagande lénifiant sur un Maghreb « assimilé » ou « associé » à la France. En collaborant avec des metteurs en scène pionniers du théâtre d’art et du théâtre populaire ou en faisant représenter leur texte sur des scènes d’avant-garde, en rupture avec la logique commerciale du « Boulevard », ces auteurs parviennent-ils à se démarquer des codes de l’orientalisme et des conventions exotiques en matière de décors, de costumes, d’accessoires, de jeu d’acteur, d’univers sonores et d’images scéniques ? Le cadre esthétique expérimental défini par le théâtre d’art ainsi que les éventuelles prises de position critiques et idéologiques des dramaturges ont-ils favorisé l’expression d’un autre regard, décentré, sur un ailleurs et un autre bâtis par la même culture et le même langage dramatique (c’est-à-dire proprement occidentaux) ? Dans une société française marquée par la pénétration progressive de la culture coloniale, la scène peut-elle devenir un espace d’entredeux, un espace de dialogue, ou un point de rencontre entre les cultures ?