He Xinyin 何心隱 (1517-1579) à l’avant-garde de sa propre réhabilitation

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8 juillet 2022

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Lucas Humbert, « He Xinyin 何心隱 (1517-1579) à l’avant-garde de sa propre réhabilitation », Impressions d’Extrême-Orient, ID : 10.4000/ideo.2439


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He Xinyin 何心隱 (1517-1579) est, à ce jour, connu pour avoir conduit, entre 1553 et 1559, une ambitieuse « convention communale » (xiangyue 鄉約) dans son district de Yongfeng 永豐 (province du Jiangxi 江西), et pour être l’auteur de plusieurs textes appelant à supplanter les fondements de l’éthique confucéenne — qui s’en voyaient au moins rabaissés à une qualité toute relative — par le moyen de la libre association des amis (you 友). Ces conceptions, parvenues à leur maturité bien après la fin de la convention communale de Yongfeng, avaient trouvé jour à s’exprimer grâce à la « conversation philosophique » (jiangxue 講學), une pratique sociale remarquable des cercles lettrés dans le XVIe siècle chinois qui fut frappée d’interdiction, en 1579, par un décret du premier grand conseiller Zhang Juzheng 張居正 (1525-1582). La même année, He Xinyin était capturé à Qimen 祁門 et escorté jusqu’à Wuchang 武昌, où il fut bastonné à mort à l’instigation de Wang Zhiyuan 王之垣 (1527-1604), grand coordinateur (xunfu 巡撫) du Huguang 湖廣, vraisemblablement motivé par l’espoir de plaire à Zhang Juzheng. Les protagonistes de cette mise à mort et leurs responsabilités respectives nourrissent, depuis lors, des recherches et des conjectures portant sur ce que l’on nomme « l’affaire de la mort He Xinyin », rarement exposée en détail dans la sinologie occidentale, peut-être en raison des complications qu’elle crée dans la présentation d’une œuvre philosophique par ailleurs complexe. Un large ensemble de lettres adressées aux fonctionnaires en place par He Xinyin pendant son escorte reste, à ce jour, peu étudié, si ce n’est pour servir de trace écrite à des faits de quelque importance. Cela étant, par-delà les redondances de son propos et les artifices décourageants de sa langue, cette série de proclamations d’innocence mérite d’être lue dans le prolongement de l’œuvre philosophique et sociale de son auteur. Directement adressée à Wang Zhiyuan, la « Missive à Wang, grand coordinateur du Huguang » (« Shang Huguang Wang fuyuan shu » 上湖廣王撫院書) présente à ce point de vue un intérêt considérable, ne serait-ce qu’en vertu de son caractère autobiographique : l’intégrité morale que l’auteur revendique fait écho à la cohérence d’un certain parcours intellectuel et pratique, d’où procède l’unité essentielle d’une existence par ailleurs mouvementée. Œuvre d’une impertinence rare, cette lettre conclut la vie de He Xinyin en le replaçant, avec son gouverneur, devant le jugement de l’histoire ; inversement, elle restitue, aux chicaneries de « l’affaire de la mort de He Xinyin », le détail d’une trajectoire biographique consciente d’elle-même, qu’ignoraient souvent les spectateurs trop tard venus de sa mort héroïque. C’est ce texte que nous traduisons ici pour la première fois dans une langue occidentale.

He Xinyin 何 心 隱 (1517-1579) is known to have led an ambitious “communit compact” (xiangyue 鄉 約) between 1553 and 1559 in his district of Yongfeng 永豐 (province of Jiangxi 江西). He was also the author of texts claiming that the foundations of Confucian ethics – at least reduced to a very relative quality – had to be supplanted by the free association of friends (you 友). These concepts, which reached their final maturity well after the end of the Yongfeng communal convention, had found a way to express themselves through “philosophical discussion” (jiangxue 講學), a remarkable social practice of the literati world in the Chinese 16th century, which was prohibited in 1579 by a decree of the first great counselor Zhang Juzheng 張子正 (1525-1582). The same year, He Xinyin was captured in Qimen 祁門 and escorted to Wuchang 武昌, where he was beaten to death at the instigation of Wang Zhiyuan 王 之 垣 (1527-1604), grand coordinator (xunfu 巡撫) of Huguang 湖廣, perhaps motivated by the hope of pleasing Zhang Juzheng. The numerous actors of this execution and their respective responsibilities have since nourished research and conjecture on what is called the “He Xinyin’s death affair”, rarely detailed in Western sinology, at least in part because of the complications it creates in the presentation of an otherwise arduous philosophical work. A large body of letters sent by He Xinyin to officials during his escort remain poorly studied to date, except to be used as a written record of facts of some importance. However, beyond its redundancies and the discouraging artifices of its language, this series of proclamations of innocence deserves to be read as an extension of the philosophical and social work of its author. Directly addressed to Wang Zhiyuan, the “Letter to Wang, grand coordinator of Huguang” (“Shang Huguang Wang fuyuan shu” 上 湖廣 王 撫院 書) is of considerable interest from this point of view, at least by virtue of its autobiographical aspect: the moral integrity claimed by the author refers to the coherence of a certain intellectual and practical process, hence the essential oneness of an otherwise eventful existence. A work of rare impertinence, this letter concludes He Xinyin's life by placing him, along with his coordinator, before the judgment of history; conversely, it recreates, to the quibbling of “He Xinyin's death affair”, the detail of a self-conscious biographical trajectory, often overlooked by too late viewers of his heroic death. It is this text that we translate for the first time into a Western language.

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