Motifs en transhumance (Matisse et Ben Jelloun, ambassadeurs d’une esthétique méditerranéenne)

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12 novembre 2019

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Le constat d’une transhumance de motifs ornementaux autour du bassin méditerranéen nous a incités à avancer l’hypothèse d’un œcuménisme esthétique. Le transfert nord-sud se joue entre Henri Matisse et Tahar Ben Jelloun. Le séjour marocain du premier lui fit dépasser le fauvisme vers une stylisation pré-mimétique et un chromatisme incandescent qui sert de source d’inspiration pour son homologue en herbe lequel, en retour, revisite les broderies et tapis tissés par des mains de femmes illettrées de son enfance. Le transfert est-ouest se vérifie lorsque la découverte de la ville troglodytique en terrasses de Matera rappelle à Ben Jelloun la médina de Fès dont les souks bariolés l’enjoignent à « habiller » la pierre monochrome de couleurs vives et imaginées. Ces croisements sont possibles dès lors que le motif s’affranchit du visible, tel le figural de Jean-François Lyotard, lesté de désir et que, par la pulsation des formes, une « énergie spatialisante » (Maldiney) en émane. Pour Abdelkébir Khatibi, la plénitude du sacré de l’art islamique irradie en effet tant dans l’architecture que dans les arts appliqués. C’est l’occasion pour nous d’appréhender les rives de la Méditerranée comme dépositaires de motifs qui migrent de la peinture à l’artisanat ou à la gastronomie, faisant de la synesthésie non plus une figure de style mais une puissance polysensorielle qui met le spectateur en immersion, au-delà de toute frontière confessionnelle ou nationale.

The evidence of ornamental transhumance around the Mediterranean basin encouraged us to propose the hypothesis of an aesthetic ecumenism. The north-south transfer occurs between Henri Matisse and Tahar Ben Jelloun. The Moroccan journey of the former helped him to evolve from fauvism into pre-mimetic stylization and incandescent chromatism, which on his side inspired his homologue revisiting the embroideries and tapestries woven by the illiterate women’s hands of his youth. The east-west transfer emerges when the troglodyte city in terraces of Matera reminds Ben Jelloun of the Fès’ medina whose varicoloured souks urge him to “dress” the monochrome stone with vivid and imaginary colours. These crossings are possible since the motive emancipates from the visible, in the wake of Jean-François Lyotards “figural”, charged with desire and, due to the pulsation of forms, generates “spatialising energy” (Maldiney). According to Abdelkébir Khatibi, in Islamic arts the fullness of the sacred irradiates in both architecture and applied arts. It gives us the opportunity to reflect on the Mediterranean shores as depository of motives and colours which migrate from painting to craftwork or to gastronomy, turning synaesthesia into a polysensorial potency putting the beholder into immersion, beyond any confessional and national border.

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