Image, imagination et cinématographie dans l’œuvre de Jacob von Uexküll

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Durant la seconde moitié du xixe siècle, la photographie accentue l’écart entre les images dignes d’intérêts scientifiques et celles appréhendées artistiquement. Au xxe siècle, le cinéma rebat en quelque sorte les cartes : le pouvoir quasi magique de l’expérience cinématographique remet en question les oppositions subjectif/objectif et art/science. Cet article propose d’illustrer ce basculement à la lumière du parcours de Jakob von Uexküll. Dans les premières années du xxe siècle, son utilisation de la chronophotographie modifie son approche empirique et lui permet de dépasser certaines contradictions théoriques. De 1909 à 1934, son développement du concept d’Umwelt repose en grande partie sur l’utilisation du cinématographe. Utilisant le concept d’image pour décrire la façon dont les animaux supérieurs organisent le flux de signes qu’ils perçoivent et projettent au sein de leurs mondes, Uexküll en vint à décrire la perception animale comme analogue à celle d’un film, au sein duquel l’imagination joue un rôle central.

In the second half of the nineteenth century, photography widens the gap between scientific and artistic images. In the twentieth century, cinema change the situation: the nearly magical power of film experience questions the subjective/objective and art/science oppositions. This article examines this change in relation with the work of Jakob von Uexküll. During the early years of the twentieth century, his use of chronophotography modifies his empirical approach and allows him to overcome beyond number of contradictions. From 1909 to 1934, his construction of the Umwelt concept is largely based on his experimental cinematography use. Comparing the animal perception with the cinematographic experience, Uexküll give to the concepts of image and imagination a crucial importance in this work.