19 avril 2024
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Indio Vignes et al., « Pierre vive et clapas mort », In Situ, ID : 10.4000/insitu.41123
L’inscription en 2011 sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco du site « Les Causses et les Cévennes, paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen » a mis en lumière les clapas, résultat de l’épierrement passé des champs et des pâturages. Mais ne sont-ils que de simples monticules de matières inertes ponctuant les causses ? Les clapas, ni vraiment construits ni tout à fait naturels, s’extraient du seul fait agropastoral pour être les traces rémanentes d’un paysage palimpseste, et les traces vivantes d’un agro-pastoralisme en évolution. Épierrer, c’est tirer à la main la pierre d’une parcelle labourée ou pâturée pour l’entasser en lisière de celle-ci. Aujourd’hui, la main est remplacée par la machine pour broyer la pierre, pour dérocher. Pour les Caussenards, les clapas sont maintenant des éléments d’un paysage immuable, marqueurs spatiaux et temporels du territoire, gênants pour un agropastoralisme moderne, au mieux source de matériaux. Mais ils ont d’autres facettes : ils dissimulent des structures anciennes attisant la curiosité des archéologues ; ils offrent un habitat à des espèces protégées centres d’intérêt des gestionnaires d’espaces naturels ; ils se font marques d’un paysage agropastoral bimillénaire valorisé par l’Unesco. Pris entre destruction et protection, les clapas, trace devenue marque au sens patrimonial, se retrouvent dès lors au cœur de conflits d’usages et de représentations à la croisée de différents enjeux patrimoniaux (paysager, archéologique et naturel), économiques et agropastoraux.