16 janvier 2024
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Martin Charvát, « Re-Scaling Labour: From Gilbreth’s Motion Efficiency Study to Harun Farocki’s Operational Images », Interfaces, ID : 10.4000/interfaces.7706
Dans le présent texte, je voudrais montrer l’évolution, depuis l'étude de Gilbreth sur l'efficacité du mouvement, qui a permis de visualiser les séquences presque infinitésimales dont le mouvement est composé en effectuant une analyse différentielle des phases individuelles et en les tramant en images individuelles, jusqu’au commentaire de Harun Farocki sur l’organisation contemporaine du travail déterminée par l’imagerie opérationnelle et de contrôle basée sur des simulations et déterminée par les médias digitaux. Entre Gilbreth et Farocki, nous pouvons retracer la transformation des techniques et pratiques culturelles et les changements dans le domaine de la technologie qui remodèlent et redimensionnent le travail et la relation homme-machine. Là où Gilbreth vise à développer et à améliorer les enregistrements du mouvement des travailleurs afin de mieux mesurer le « salaire journalier équitable », et ainsi lisser la production de la machine capitaliste, Farocki déconstruit la sphère postcapitaliste digitale contemporaine du travail invisible de multiples façons pour souligner comment elle s’est aplatie mais aussi comment chaque mouvement est un simulacre différentiel de la multiplicité des virtualités actualisées du mouvement pendant le travail, transposé par l'œil de la machine et également lisible pour d'autres machines. Cependant, il y a un point commun aux deux. La parcellisation des moments individuels dépend de ce que l'on pourrait appeler un a priori technologique: à quelle échelle le moment est rendu apparent et donc explorable selon les possibilités des appareils.