19 septembre 2014
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Carnicero de Castro Clara, « Entre le crime et la sensibilité », Itinéraires, ID : 10.4000/itineraires.652
Héroïne complexe, Clairwil s’impose avec ses contradictions. Comme la marquise de Merteuil, elle aime venger son sexe de la suprématie masculine et énonce un système d’apathie complexe. Pourtant, son féminisme est chancelant, car il suppose la faiblesse de la femme, qui prétend offenser la nature par le triomphe de la faiblesse. Quant au stoïcisme, l’institutrice libertine exige que Juliette ne se livre au crime que de sang-froid et assure : « Chez moi tout est aux ordres de ma tête ». Mais l’heureuse apathie et le féminisme militant sont facilement dissipés. Le putanisme fanatique, l’enthousiasme blasphématoire ou le fantasme d’un crime pur et perpétuel remplacent la froide raison. Sa vie finit par le refus d’un crime singulier : tuer sa chère écolière. L’apprentie, en revanche, ne balance pas, elle empoisonne l’enseignante flegmatiquement. À l’instar de Merteuil, le destin de Clairwil est tragique : à force de surestimer l’impassibilité de la tête, elle sous-estime l’impétuosité fascinante de Juliette.