13 décembre 2019
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Delphine Peiretti-Courtis, « Corps noirs, virilité et pouvoir dans la littérature médicale à l’époque coloniale », Itinéraires, ID : 10.4000/itineraires.6605
Le corps de l’homme noir est soumis à deux types de représentations dans la littérature médicale française du xixe siècle jusqu’au milieu du xxe siècle. Ces descriptions s’établissent souvent en miroir de celles de l’homme blanc et contribuent à renforcer la virilité de ce dernier. En effet, l’homme africain est décrit par les médecins comme un être efféminé, physiquement et intellectuellement, proche de la femme et de l’enfant, inférieur et dénué d’autorité. Cette infériorité semble en outre légitimer la colonisation des terres africaines par les hommes de la nation française, présentés quant à eux comme virils et puissants, et censés apporter une protection à ces peuples. Parallèlement à cette représentation coexiste un autre topos qui se renforce au tournant des xixe et xxe siècles du fait du développement du courant naturiste et des besoins de la colonisation, celui d’une hyper-virilité de l’homme noir. Son corps musclé, robuste, endurant et fort est alors loué face au corps affaibli de l’homme blanc dans les colonies. Ce dernier y est en effet menacé par le climat et les pathologies tropicales tandis qu’en métropole l’on s’inquiète de la dégénérescence de la race après la défaite de 1870-1871. La définition de la virilité africaine varie donc au cours du xixe siècle et des débuts du xxe siècle selon le contexte politique et les normes sexuelles et sociales en vigueur en France.