30 décembre 2020
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Chloé Mondémé, « Une linguistique au-delà de l’humain ? », Itinéraires, ID : 10.4000/itineraires.8453
Dans cette contribution, nous engageons une discussion sur les vertus, à la fois en termes d’apports empiriques et de renouvellement théorique, qu’il y a à concevoir une conception élargie de la semiosis inter-espèce. Nous nous référons par-là aux récents travaux de l’anthropologue Eduardo Kohn qui, posant qu’il est souhaitable de réaliser « une anthropologie au-delà de l’humain » (2017) se propose de traiter tous les êtres vivants comment pensant, se représentant et interprétant. En tant qu’étude du langage – humain par définition, et donc nécessairement aussi symbolique – la linguistique pourrait n’être tout simplement pas concernée par ces remises en question. Toutefois, l’argument que nous développerons dans cet article est que l’observation de situations communicatives inter-espèces, notamment humain-animal, constituent des cas riches en enseignements : bien souvent « efficaces » au sens pragmatique du terme, elles sont aussi, pour une bonne part, émergentes et non dépendantes d’un « code » reposant sur des principes ethogrammatiques. Les actions de l’humain font sens pour l’animal ; les actions de l’animal font sens pour l’humain, et cette sémiose rudimentaire sert de support pour des actions conjointes parfois extrêmement complexes.