1 juin 2008
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Laurence Proteau, « Vision doctrinale et divisions pratiques », Journal des anthropologues, ID : 10.4000/jda.1124
Quelle que soit la doctrine de police affichée (proximité et/ou fermenté), la popularité politique (à gauche comme à droite) de la catégorie « violence urbaine » organise depuis plus de 15 ans le face‑à‑face entre les « jeunes des banlieues populaires » et l’institution policière. C’est pourquoi la critique du traitement des émeutes d’octobre‑novembre 2005, doit se focaliser moins sur les méthodes de police que sur les techniques de gouvernement qui, en conférant à l’institution policière la charge de l’encadrement de certaines « populations », s’appliquent à traduire ces expressions en désordre public. La doctrine de « police de proximité » engagée par le gouvernement Jospin entre 1999 et 2002 est, à cet égard, exemplaire : l’orientation de la capacité de contention policière vers les illégalismes populaires à la source (« incivilités ») a « policiarisé » la question sociale et invisibilisé les « grands ensembles » sous le label de « banlieues sensibles », désormais zone d’activité policière prioritaire. Cette réforme de l’institution policière, qui devait permettre à la gauche d’acquérir une crédibilité en matière de lutte contre le « nouveau fléau » et de forger une « nouvelle » police, plus proche des « besoins » des citoyens, a eu des inflexions concrètes sur le traitement de la petite et moyenne délinquance et par conséquent sur l’économie interne des métiers de police.