22 février 2009
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Jonathan Spencer, « Appalling fascination », Journal des anthropologues, ID : 10.4000/jda.2042
Partant d’un contexte ethnographique très spécifique – le monde carnavalesque de la politique électorale au Sri Lanka rural au début des années 1980 – cet article élargit ensuite la portée de sa réflexion pour proposer un nouvel objet d’enquête anthropologique dans l’Asie du sud postcoloniale. Mes travaux antérieurs au Sri Lanka avaient examiné comment s’était développée depuis l’indépendance une conscience locale aiguë de « la politique » (desapalanaya) et du « politique ». Le politique était la zone du conflit et de l’injure, de l’attrait et du dégoût, de la mise en scène et de la rhétorique, un domaine de la vie à la fois fascinant et effarant. On trouve de semblables interprétations du « politique » dans des études ethnologiques récentes portant sur d’autres parties du sous-continent, ce qui suggère l’existence d’un air de famille entre ces réponses culturelles, géographiquement disparates, au monde de la politique de masse. M’appuyant sur les développements récents d’une théorisation « radicale » de la démocratie – et notamment les travaux de Chantal Mouffe – je tenterai d’avancer une explication plus formelle du « politique » comme expression nécessaire, mais nécessairement imprévisible et non-maîtrisable, de la modernité démocratique en Asie du sud. Porter un regard ethnographique sur l’idée du politique comme un lieu de production culturelle désordonnée pourrait contribuer au renouveau actuel de l’anthropologie du politique, et permettre aux anthropologues d’échapper à des grilles explicatives arides (formalisme, instrumentalisme, culturalisme) qui avaient auparavant constitué les limites de l’anthropologie politique.