23 mars 2015
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Anne-Christine Trémon, « Pratiques de la pêche compétitive et différenciation des sphères d’appartenance aux Îles de la Société (Polynésie française) », Journal des anthropologues, ID : 10.4000/jda.4249
La pêche au gros, big-game fishing, pratique élitiste comparable à un safari maritime, a été introduite en Polynésie française par un écrivain voyageur américain lors d’une escale sur l’île de Tahiti. Bien qu’elle ait été réservée dans un premier temps à l’élite occidentalisée, cette pratique s’est popularisée en se diffusant. Elle est pratiquée dans le cadre de championnats annuels dont le nombre a connu une forte inflation au cours des cinq dernières années. L’article montre comment son implantation locale s’est accompagnée d’une tendance à la ludisation, processus inverse à celui de la sportisation généralement associé à la globalisation des pratiques sportives. Il est montré comment l’adoption et l’adaptation d’une pratique importée passe par la mise en adéquation aux normes locales régissant les rapports sociaux. En outre, en tant qu’ils constituent aussi des jeux d’argent, les concours de pêche sont à mille lieux de l’image d’une enclave démonétarisée préservée du « tout fric » associé au sport mondialisé. Il est montré que les concours sont des dispositifs sociaux de circulation de l’argent et de la chance et forment des sphères différenciées d’appartenance sociale et culturelle.