24 mai 2011
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Margo Kitts, « “Bulls cut down bellowing” », Kernos, ID : 10.4000/kernos.169
« Des bœufs mugissants égorgés ». Leitmotive rituels et pressions poétiques au chant XXIII de l’Iliade. En utilisant la notion d’ordres liturgiques de Rappaport, l’étude affirme que la fixité des traits de certaines scènes rituelles de l’Iliade pourrait refléter un registre communicationnel élevé, ainsi qu’un niveau de sacralité. Les traits des scènes de sacrifice alimentaire et de sacrifice juratoire sont comparés et mis en contraste – la mort est soulignée dans le sacrifice juratoire, dissimulée dans le sacrifice alimentaire. La rareté relative de langage figuré caractérise les scènes rituelles, à l’exception du « bronze sans pitié » qui prend la vie des agneaux et de l’ours dans les sacrifices juratoires des chants III et XIX. Une telle rareté s’oppose au foisonnement de ce type de langage dans les scènes qui décrivent les tueries sur le champ de bataille. Enfin, les traits des sacrifices de crémation du chant XXIII sont examinés en regard de ceux des sacrifices alimentaires et juratoires. La mise en perspective des « bœufs mugissants égorgés » dans la célébration qui précède la crémation est frappante, dans la mesure où elle détonne par rapport aux sacrifices alimentaires typiques, mais peut s’expliquer par la nature décousue de la narration et l’insertion ponctuelle du leitmotiv d’un rituel juratoire. Par contraste, les véritables sacrifices de crémation s’insèrent dans un ordre liturgique fortement formalisé qui ne permet pas la mise en perspective des victimes mourantes, en dépit des références à la poinē qui introduit et referme les sacrifices funèbres.