1 avril 2015
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Loïc Windels, « La lettre volée par le diable. Lecture d’une faute de langue dans la dédicace des Fleurs du mal », Les Chantiers de la Création, ID : 10.4000/lcc.182
Baudelaire avait, en matière de langue et de style, un souci d’exactitude qu’il avait érigé en principe esthétique - et, comme souvent avec lui, éthique. Célèbre aussi la méticulosité avec laquelle il examinait les épreuves de ses manuscrits. La dédicace aux Fleurs ne fit pas exception, et l’on conserve une planche surchargée d’annotations et d’interrogations très précises. Mais on sait aussi que lorsque le recueil parut en 1857, la perfection tant cherchée était entachée d’une splendide faute de français et que celle-ci frappait précisément le mot « langue ». Baudelaire avait en effet dédié son œuvre au « magicien ès langue française », ignorant le pluriel. Le présent article prétend décrire cette erreur dans son exactitude paradoxale et en donner, autour des problèmes de sincérité et de légitimité, deux interprétations successives, en faisant le pari qu’il y a bien là du discours à tenir, entre chasse au démon, herméneutique du hasard et psychanalyse sauvage.