13 décembre 2023
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Jean-Claude Schmitt, « Un geste rituel : le signe de croix au Moyen Âge », L’Homme, ID : 10.4000/lhomme.47584
Les rituels sont un objet commun aux anthropologues et aux historiens. La société médiévale, du fait notamment du poids de l’Église, a connu une multitude de rituels de toutes sortes. Le choix se porte ici sur le plus petit – mais sans doute le plus important – des gestes rituels chrétiens, le signe de croix, accompli isolément ou comme partie de séquences rituelles plus complexes. Il est omniprésent, universel, et (quoique sous conditions) à la portée de tous : clercs et laïcs, femmes et hommes. Il est tantôt transitif (servant à bénir une personne ou un objet), tantôt réflexif (on parle d’« autosignation »). Il est attesté et fait l’objet de commentaires des théologiens et des liturgistes depuis les tout premiers siècles du christianisme. Trois types de sources sont ici utilisés : normatives (dès l’Antiquité tardive puis dans les sommes liturgiques des xiie et xiiie siècles), subjectives (le signe de croix utilisé comme une arme contre les démons, de l’aveu du cistercien Richalm de Schöntal vers 1200) et narratives (les exempla des prédicateurs des xiiie et xive siècles). Des miniatures de manuscrits enluminés sont aussi convoquées. L’importance extrême du geste justifie une description précise de son mouvement (haut/bas toujours, mais gauche/droite ou droite/gauche ?), de ses effets sur soi et sur autrui, et de sa dimension affective qui, par-delà l’approche structurale, ouvre une voie commune prometteuse à l’histoire et à l’anthropologie des sensibilités.