11 juillet 2018
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Julie Assouly, « The Wandering Character in the Coen Brothers’ Films: When the Southern Gothic Meets the Western », Revue LISA / LISA e-journal, ID : 10.4000/lisa.9304
L’Errant revient fréquemment dans la filmographie des frères Coen. Arpentant le sud et l’ouest des Etats-Unis, deux régions que ces réalisateurs ont plusieurs fois explorées, leurs personnages errants sont mystérieux, menaçants, parfois grotesques, la plupart ayant sans aucun doute des origines gothiques. Si l’image du cowboy solitaire est de fait l’apanage du Western classique, le chasseur de primes poursuivant des hors-la-loi reste un personnage clé du Western spaghetti, et du Western révisionniste au sens large. On retrouve ces archétypes dans leurs formes contemporaines dans Sang pour Sang, Arizona Jr ou No Country for Old Men, des films qui réinvestissent l’iconographie du Western, et dans une certaine mesure dans Fargo qui offre une relecture du mythe de la Frontière. Les personnages qui parcourent le territoire américain en quête d’argent ou d’aventure sont aussi un motif cher à la tradition littéraire sudiste. Les Coen ont d’ailleurs avoué avoir réalisé The Ladykillers et O Brother, deux films se déroulant dans le Mississippi, en ayant les œuvres de Flannery O’Connor en tête. Prédicateurs malhonnêtes, vendeurs ambulants ou prisonniers en cavale ont remplacé les cowboys et chasseurs de primes dans les films sudistes des Coen, mais leurs pérégrinations sont toujours prétextes à découvrir les régionalismes américains. Pour finir, c’est semble-t-il le phénomène d’hybridation entre les cultures du sud et de l’ouest qui fait la spécificité du cinéma des frères Coen, déjà présent dans Barton Fink (1990), il réapparaît dans No Country… et True Grit (2010), laissant transparaitre une influence du gothique et du grotesque sudiste dans lesquels le personnage errant joue un rôle prédominant. S’appuyant sur une analyse des films sudistes et des Westerns des frères Coen par le biais de l’Errant en tant qu’instrument critique, cet article s’attache à mettre en évidence les liens possibles entre les cultures du sud et de l’ouest américains, dans la littérature et au cinéma, en se fondant sur la possibilité que les racines gothiques de l’Errant dans la littérature européenne ont influencé les littératures du sud et de l’ouest américain, puis la culture populaire américaine, pour devenir un élément prégnant du phénomène d’hybridation générique qui ponctue la filmographie des Coen.