26 juillet 2019
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Jean-Paul Dufiet, « L’éternelle différence juive dans Pour en finir avec la question juive de Jean-Claude Grumberg », Littératures, ID : 10.4000/litteratures.1740
Dans la civilisation judéo-chrétienne, la communauté juive est depuis toujours l’objet d’une suspicion plus ou moins vive. Elle y incarne un des paradigmes, sinon le paradigme majeur, de la différence identitaire. Dans Pour en finir avec la question juive (2013), Jean-Claude Grumberg aborde frontalement cette question. La pièce, qui se présente comme une parabole comique, met en scène huit rencontres entre un Juif natif assimilé et son Voisin antisémite. En dehors de tout autre action, les deux antagonistes débattent de l’identité juive dans l’escalier de leur immeuble. À la cinquième rencontre se produit un coup de théâtre : l’antisémite se convertit au judaïsme. À l’évidence, si tous les antisémites se convertissaient au judaïsme la question juive serait définitivement et heureusement réglée. Le nouveau Juif prend sa conversion très au sérieux, au point qu’il essaie de ramener le Juif assimilé à l’observance religieuse et au respect des coutumes. Sans succès. Au terme des rencontres, le Voisin converti annonce au Juif natif qu’il a décidé d’émigrer à New York avec son épouse, car il y a trop d’antisémites dans leur immeuble ! Les relations entre les personnages se renversent et se contredisent en fonction de la transformation des rôles et des identités. Le judaïsme est à la fois un objet de suspicion, de rejet et de désir ; mais plus encore, le dialogue de Grumberg montre qu’il n’existe pas une identité juive unique, mais une pluralité de manières d’être juif.