24 février 2014
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Christophe Imperiali, « La musicalité refusée », Littératures, ID : 10.4000/litteratures.181
Dans la foulée de l’appel verlainien à « de la musique avant toute chose », la génération symboliste s’est engagée massivement dans la recherche d’une poésie « musicale ». La plupart des poètes de ce temps affirment tirer de la musique des principes essentiels à leur pratique poétique. Mais cette supposée musicalité de la poésie a immédiatement fait l’objet de vives critiques, émanant tant de poètes que de musicographes ou de critiques. Les uns estimaient que le credo musicalisant accompagnant l’avènement du vers libre n’était qu’un prétexte masquant paresse et incompétence technique ; d’autres voyaient dans cette théorie une irruption de la germanité (wagnérienne notamment) au sein de l’esprit français ; d’autres encore stigmatisaient les métaphores empruntées au domaine musical et cherchaient à en montrer l’inanité. Parmi ce concert « anti-musical », une voix mérite d’être isolée : celle de Mallarmé, qui, mû par une « sublime jalousie » vis-à-vis de la musique, a construit un large pan de sa poésie autour de l’idée paradoxale d’une musique silencieuse. Après avoir sondé les tensions qui entourent la supposée musicalité de la poésie symboliste autour de 1900, cet article cherche à lire certains penchants implicites de la critique contemporaine sur la poésie comme une forme de prolongement d’une attitude « mélophobique » qui s’est mise en place au début du xxe siècle.